La séance publique des Journées UFS à débuté avec l’annonce de l’élection d’Olivier PAUL, directeur général de Lidea Seeds, en tant que nouveau président de l’UFS.

Introduction de Didier NURY, Président de l’UFS

Didier NURY, président sortant de l’UFS, a introduit la séance en insistant sur le dynamisme des activités semencières et en rappelant le caractère déterminant de l’échelle européenne dans ce domaine, citant entre autres les nombreuses contributions du secteur aux objectifs de transition énoncés par le Pacte vert. Alors que plusieurs projets de textes réglementaires européens sont toujours en cours de négociation, la période jusqu’à juin prochain sera décisive pour définir les contours de l’activité semencière pour les 15 prochaines années. Le président a rappelé les grands défis auxquels le secteur est confronté : adaptation au changement climatique, augmentation de la démographie dans un contexte géopolitique complexe, préservation de la biodiversité et maintient de la compétitivité du secteur. L’UFS maintient sa mobilisation, en démontrant les adaptations des entreprises semencières au quotidien pour relever ces défis et proposer des solutions durables. Didier NURY a appelé à la reconnaissance de la nature stratégique des semences et de promouvoir ainsi l’accès à une alimentation sûre, saine et durable.

Grand Angle croisé − « Un regard international sur le projet agricole européen »

    • Wilson HUGO, Spécialiste de l’agriculture au sein de la division de la production végétale et de la protection des plantes, Food & Agriculture Organization (FAO)
    • Michael KELLER, Secrétaire général, International Seed Federation (ISF)

Wilson HUGO a souligné la nécessité d’accroître la production agricole de manière durable, mettant en avant le rôle central de la FAO dans la lutte mondiale contre la faim. Il a mentionné le travail de la FAO à travers des groupes intergouvernementaux sur les questions semencières et son engagement dans des projets de développement, en collaboration avec l’OCDE, pour structurer le secteur des semences dans les pays en développement. La FAO se concentre principalement sur des projets de développement, en mettant l’accent sur les discussions de politique publique pour surmonter les obstacles identifiés.

Michael KELLER a souligné l’interdépendance croissante des pays dans la production mondiale des semences au cours des deux dernières décennies, notant tout de même les ambitions croissantes de certains pays cherchant à atteindre l’autonomie en matière d’accès aux semences qui renforcerait la concurrence internationale. Le secrétaire de l’ISF s’est réjoui de la reconnaissance de l’importance de l’innovation agricole, notamment par la FAO, pour soutenir la transition écologique. Il a souligné le besoin d’une vision à long terme pour la recherche privée, plaidant pour une complémentarité avec la recherche publique. Il a appelé à une meilleure reconnaissance du rôle des semenciers dans les discussions internationales et a souligné l’importance de la communication sectorielle et du traitement des sujets clivants tels que la propriété intellectuelle. En conclusion, il a exhorté l’Union européenne à privilégier le rendement et la durabilité agricole pour garantir la sécurité alimentaire, anticipant une intensification de la concurrence dans la production de semences.

Table ronde : « Bilan des politiques agricoles européennes de ces 10 dernières années »

    • Anne SANDER, Députée européenne, Parti Populaire Européen (Démocrates-Chrétiens)
    • Christiane LAMBERT, Présidente, COPA
    • Thomas BOURGEOIS, Président, FNAMS
    • Jacques GROISON, Directeur général adjoint, Arterris

Anne SANDER a rappelé le soutien de l’UE pendant la pandémie grâce à la PAC, mais a noté des enjeux persistants tels que le revenu des agriculteurs. Elle a défendu le rôle crucial des semenciers et l’apport des nouvelles technologies pour la souveraineté alimentaire. Christiane LAMBERT a salué la résilience de l’agriculture française pendant la pandémie et a abordé les défis climatiques impactant le revenu des agriculteurs, insistant sur le besoin de réinventer un dialogue stratégique entre agriculteurs et décideurs. Thomas BOURGEOIS a nuancé l’efficacité de la PAC en raison de la complexité d’accès aux subventions, mais a vanté la durabilité de l’agriculture française. Jacques GROISON a souligné l’importance de la PAC pour la survie agricole, mais regrette l’érosion des surfaces cultivées. Par ailleurs, il a souligné les conséquences des suppressions de certaines aides couplées, impliquant une baisse des investissements des semenciers dans la recherche. Christiane LAMBERT a rappelé l’importance de considérer les politiques européennes au-delà de la PAC et a souligné la nécessité d’une communication sur l’agriculture. Anne SANDER a évoqué le manque de traitement des sujets agricoles au Parlement européen et a souligné la stabilité réglementaire pour le secteur semencier. Christiane LAMBERT a salué la reconnaissance des semenciers dans les discussions sur les nouvelles technologies génétiques (NGT) et a appelé à respecter les délais pour ces projets. Elle a également abordé le renouvellement des générations dans les professions agricoles.

Table ronde : « Quels enjeux et propositions pour les politiques agricoles de 2024-2029 ? »

    • Irène TOLLERET, Eurodéputée, Groupe Renew Europe
    • Julien DIVE, Député de l’Aisne (2e circonscription), Les Républicains
    • Garlich Von ESSEN, Secrétaire général, Euroseeds
    • Féréol DELMAS, Directeur général, think tank Ecologie Responsable
    • Rémi BASTIEN, Directeur général, Limagrain Vegetable Seeds Division

Menaces et opportunités pour le secteur semencier

Garlich Von ESSEN a souligné les conflits géopolitiques comme une menace majeure, impactant la production agricole et la consommation dans certaines régions. Julien DIVE a identifié une menace interne liée au manque de choix politiques clairs pour orienter l’agriculture française, soulignant la nécessité d’affirmer la puissance agricole du pays.

Réponses du secteur semencier et promotion auprès des décideurs

Rémi BASTIEN a mis en avant les efforts en recherche variétale, soulignant l’importance de la collaboration avec Euroseeds et la communication collective pour contrer les préjugés. Garlich Van ESSEN a souligné le rôle d’Euroseeds dans la promotion des messages du secteur auprès des décideurs européens.  Julien DIVE a insisté sur la nécessité de la pédagogie pour rétablir la confiance entre citoyens, agriculture et science, en particulier sur les nouvelles techniques génétiques (NGT).

Propositions du secteur semencier pour les élections européennes

Rémi BASTIEN a présenté trois propositions, incluant la protection de la capacité à innover avec la proposition NGT, la sécurisation de la production de semences, et l’incitation à l’innovation, notamment pour les espèces mineures.

Conclusions et recommandations

Garlich Van ESSEN a plaidé pour suivre la science, éviter la dramatisation des débats, et a appelé à la nomination d’un vice-président en charge de l’agriculture, des semences et de l’innovation à la Commission européenne. Irène TOLLERET a salué l’inscription à l’ordre du jour de la proposition sur les NGT, soulignant l’enjeu de garantir un revenu attractif pour les agriculteurs, de maîtriser les importations alimentaires, et de diffuser les résultats de la recherche dans le monde.

Entretien croisé entre Marc Fesneau et Didier Nury

Le ministre Marc FESNEAU a salué l’excellence de la filière semencière française, soulignant son rôle crucial dans les transitions agricoles et la nécessité d’accroître sa visibilité. Didier NURY a mis en avant l’importance du soutien à la recherche, notamment via des réglementations favorables et des dispositifs tels que le crédit d’impôt recherche (CIR). Le ministre a confirmé son soutien à ce crédit d’impôt et s’est exprimé sur les nouvelles techniques génétiques (NGT), se disant satisfait du resserrement du calendrier et soulignant leur contribution aux objectifs du règlement SUR. Il a également abordé les préoccupations des semenciers concernant l’accès à l’eau, soulignant la nécessité d’une approche territoriale en collaboration avec les Agences de l’eau. Enfin, il a souligné l’importance de la sécurité alimentaire en Europe à la lumière des conflits géopolitiques, appelant à renforcer l’agilité de l’Union européenne face à ces défis. En conclusion, le ministre a exprimé sa fierté pour l’excellence du secteur semencier français et a souligné l’importance de mieux le valoriser auprès de l’opinion publique.

Conclusion de Didier NURY, Président de l’UFS

Didier NURY a conclu les Journées UFS 2023 en saluant la participation nombreuse, en appelant les professionnels du secteur semencier à saisir les opportunités des projets en cours et à venir pour promouvoir le secteur semencier en prévision des prochaines élections européennes.