04/11/2021

Mot d’accueil du Président de l’UFS

Claude Tabel, a introduit la séance publique des journées de l’UFS en  soulignant que l’avenir des entreprises semencières est lié aux politiques publiques nationales et européennes au regard de plusieurs échéances déterminantes :

  • Au niveau national, l’appréhension des sujets agricoles par les candidats à l’élection présidentielle autour des enjeux liés au pouvoir d’achat, l’inflation des prix des matières premières et des produits alimentaires, la répartition de la valeur dans les filières, la souveraineté alimentaire et le changement climatique.
  • Au niveau européen, l’ouverture de plusieurs dossiers comme la feuille de route de la Présidence Française de l’Union européenne, la révision des règles de commercialisation des semences ainsi que les débats sur le cadre juridique des méthodes récentes d’amélioration des plantes.

Claude Tabel a ensuite rappelé l’engagement de l’UFS pour porter la voix de ses entreprises dans ce contexte source d’opportunités pour faire mieux comprendre leur rôle et leurs contributions dans les transitions attendues.

Grand Angle : Comment apprivoiser l’espace public démocratique

Tout d’abord, le philosophe Pierre-Henri Tavoillot a insisté sur le fait que l’espace public démocratique, véritable lieu de discussion sur la manière dont on veut vivre ensemble, est un trésor des démocraties contemporaines. Pour autant, selon le philosophe, nous vivons une crise de l’espace public, qui tend à se retourner contre la démocratie. Le peuple a le sentiment qu’il n’est plus possible de produire des discours vrais, des consensus acceptables et des positions de concertation.

Il résulte de cette situation 3 risques majeurs :

  • « L’indignationisme », ou l’idée que la société fonctionne par l’indignation et non plus par la réflexion.
  • La « transparantite », ou l’idée que la transparence absolue doit remplacer la publicité. Toute zone d’ombre ou secret est suspect.
  • La « communicationite », c’est-à-dire que peu importe la réalité, il n’y a que la communication qui compte.

Selon Pierre-Henri Tavoillot, ces 3 risques sont amplifiés par les réseaux sociaux, qui poussent au communautarisme. Un retour à la situation antérieure est impossible, mais Pierre-Henri Tavoillot propose deux solutions :

  • Perdre notre naïveté sur les réseaux sociaux, et se méfier des informations qui y sont publiées. L’institution d’un principe de responsabilité des plateformes sur le modèle de la responsabilité éditoriale, et l’interdiction de l’anonymat lui paraissent également deux pistes intéressantes à développer.
  • Retrouver la saveur de la complexité, en présentant des récits différents, plus complexes et intéressants et éviter les récits simplistes, notamment sur les sujets polémiques comme les OGM, le nucléaire par exemple …).

Son interview

Table-ronde « Le bilan du quinquennat d’E. Macron par les acteurs de la filière agricole et semencière »

Arnaud Rousseau, 1er vice-président de la FNSEA a estimé que, malgré quelques inquiétudes en début de quinquennat, des mesures importantes ont été mises en place pendant ces 5 années. Emmanuel Macron a été le seul Président à faire voter deux lois agricoles complémentaires lors de son mandat. Les Etats généraux de l’Alimentation et la loi Egalim ont montré la volonté de rétablir un lien entre la production alimentaire, la valeur et les consommateurs. Le 1er vice-président de la FNSEA a également salué le plan protéines, qui porte une vision géostratégique intéressante en remettant en cause des acquis. Selon Arnaud Rousseau, il y a également eu une évolution dans la perception de l’agriculture par le Gouvernement.

Aujourd’hui, le ministre de l’Agriculture est à la manœuvre au niveau européen, dispose de connaissances permettant la bonne compréhension des enjeux et n’hésite pas à s’emparer des dossiers sensibles. Arnaud Rousseau appelle à un cadre réglementaire favorable afin de permettre à la filière semences de retrouver de la technicité et de la croissance. Il a également évoqué l’agribashing, et s’est réjoui de l’efficacité de la cellule Demeter, qui a permis de faire baisser le nombre de délits.

Son interview

Interrogé à son tour, Antoine Henrion, président de Terres Univia, a salué le retour sur le devant de la scène des interprofessions lors de ces 5 années. A l’occasion des Etats généraux de l’Alimentation, elles ont pu incarner les filières, et ont fait l’objet d’une trajectoire d’engagement qui répond aux enjeux de souveraineté sur 3 volets :

  • Les protéines
  • La bioéconomie
  • Le plan de transition

Antoine Henrion a déploré le manque de cohérence politique qui peut empêcher les investissements sur le long terme, dénonçant notamment l’insuffisance du soutien à la recherche. Il a rappelé l’importance d’avoir une vision au-delà de 5 ans, pour apporter visibilité et confiance aux filières. Le président de Terres Univia souhaite que le débat soit pragmatique et réaliste. Selon lui, il est urgent de créer une dynamique positive afin d’aider les acteurs du secteur.

Son interview

Jean-Marc Bournigal, directeur général de l’interprofession Semae, a conclu cette table ronde. S’il a salué la volonté des Etats généraux de l’alimentation, il a également rappelé que le monde agricole est attendu sur d’autres sujets comme l’énergie ou le carbone. Globalement, les attentes des consommateurs ont été prises en compte par le Président, et de nombreux éléments positifs en sont ressortis, comme la séparation du conseil et de la vente, ou encore le débat sur la valeur. Il y a eu cependant des points négatifs, comme l’article 83 de loi Egalim qui impacte les semences sans les avoir ciblées. Jean-Marc Bournigal s’est réjoui que les aléas climatiques aient été remis sur le devant de la scène, et que l’agriculture ait été replacée au cœur de la société, notamment au travers du Varenne de l’eau et de France 2030, qui va dans le sens attendu par l’ensemble des filières, surtout sur la révolution génétique.

Son interview

Intervention d’experts – « Quelle perception de l’agriculture par les français ? Quels programmes agricoles et alimentaires des candidats à l’élection présidentielle ? »

Florence Gramond, directrice du département agriculture chez BVA Group, a présenté le résultat du sondage sur la perception de l’agriculture et des agriculteurs par les Français, réalisé en avril 2021.

Il en ressort une perception positive de l’agriculture par les Français, qui sont plus curieux et intéressés par le secteur qu’il y a 5 ans. 71% ont une très bonne opinion de l’agriculture, et 77% pensent que les agriculteurs ont joué un rôle essentiel lors de la crise du Covid. 52% des Français considèrent qu’il y a eu une évolution positive de l’agriculture.

Cependant, on constate que la majorité des Français sont surpris de la plupart des réalités de l’agriculture et de ses métiers, témoignant d’une méconnaissance globale du secteur et générant des inquiétudes sur certaines réalités.

Son interview

Le politologue Eddy Fougier a poursuivi par une analyse de la prochaine campagne présidentielle, qui risque d’être « âpre et tendue » selon lui. Il estime qu’il risque d’y avoir un décalage entre la nature des débats et les préoccupations réelles des Français.

Les candidats n’ont pas encore présenté leurs programmes, mais il est déjà avéré que les clivages sur les questions agricoles se font sur la question du modèle agricole, du local et de l’innovation. Eddy Fougier distingue 4 catégories :

  • Le « front du refus» qui rejette l’innovation scientifique et technologique permettant de lutter contre le réchauffement climatique.
  • Les pro-agriculture conventionnelle et exportatrice, et pro-innovation
  • Le soutien du local, au sens national, et plutôt opposés aux innovations
  • Les pro-innovation ambigus sur le modèle agricole.

Le politologue s’attend à ce que les questions agricoles jouent un rôle non-négligeable lors de la campagne : plus les sujets iront sur le terrain identitaire, plus certains candidats essayeront de ramener le débat sur des questions plus classiques comme l’alimentation et le sanitaire.

Finalement, Eddy Fougier estime que France 2030 devrait peser sur le débat présidentiel, avec notamment la Révolution génétique.

Son interview

Les propositions des entreprises semencières aux candidats à l’élection présidentielle

Le Vice-président de l’UFS, Didier Nury, a présenté les propositions des entreprises semencières aux candidats à l’élection présidentielle.  Ces propositions ont vocation à permettre de revenir à l’essence même du métier de semencier. La semence est elle-même porteuse de solutions, et la génétique permet d’améliorer petit à petit certaines caractéristiques des plantes à envisager sur le temps long.

2022 sera une année charnière, car en plus de l’élection présidentielle, il y aura également la PFUE et la révision des directives de commercialisation des semences.

Les 12 propositions vont donc au-delà de l’élection présidentielle, et s’inscrivent dans une vision de moyen terme.

  • Pour développer une vision à moyen terme des politiques publiques relatives à l’agriculture :
    • Un cadre réglementaire sécurisé
    • Une suppression des distorsions de concurrence avec les autres Etats Membres
    • Une cohérence des politiques publiques
  • Pour soutenir l’innovation variétale :
    • Un accès à tous les outils disponibles grâce à une règlementation européenne adaptée
    • Un renforcement des dispositifs de financement public
    • Une pérennisation du CIR
    • Une meilleure connaissance des métiers semenciers
    • Une protection efficace contre les atteintes à l’exercice d’une activité légale.
  • Pour garantir un cadre de production de semences conforme aux exigences de qualité :
    • Une règlementation européenne stabilisée et appliquée de manière uniforme
    • Une garantie d’un accès à l’eau
    • Un accès aux solutions de traitement de semences
    • Un maintien de l’accès au marché international

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Conclusion par Clément Beaune, Secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes

Clément Beaune a tout d’abord souligné que la France est à l’aube d’un moment important que représente la Présidence Française de l’Union européenne, occasion rare de faire accélérer l’Europe.

Selon le Secrétaire d’Etat, la filière semencière sera au cœur des préoccupations européennes, et cela sera l’occasion de faire avancer, avec Julien Denormandie, les idées essentielles de réformes européennes. Le savoir-faire français et européen est majeur, la sélection variétale et la filière semencière sont des atouts stratégiques qui permettent de réduire nos dépendances et de nourrir la population.

Clément Beaune et Julien Denormandie travaillent sur plusieurs sujets importants : la consolidation du budget stabilisé de la PAC, la réforme de la politique commerciale pour instaurer de la réciprocité dans nos échanges commerciaux, l’investissement pour réduire nos importations afin que l’Europe soit autonome. Clément Beaune appelle à une bataille pour la souveraineté et pour notre modèle alimentaire.

Le Secrétaire d’Etat invite le secteur semencier à apporter des idées et des propositions pour faire avancer les choses de manière précise et utile.

Son interview