La sélection des plantes trouve son origine au Néolithique. Dès le XIXe siècle, elle devient une activité à part entière et, en se professionnalisant, ouvre la voie à une accélération considérable du progrès technique et scientifique. Héritières de ce savoir-faire, les entreprises semencières œuvrent aujourd’hui pour offrir aux agriculteurs, maraîchers et jardiniers amateurs, les variétés adaptées à leurs attentes.

L’amélioration des plantes et la sélection : un héritage de 11 000 ans.

Le travail des semenciers est hérité d’une activité vieille de 11 000 ans, lorsque les premiers chasseurs-cueilleurs se sont sédentarisés pour pour devenir éleveurs-agriculteurs. Progressivement, ils adaptent leur méthodes de production de nourriture et sélectionnent les plantes intéressantes à cultiver : c’est la sélection massale. Ils favorisent ainsi celles qui sont les plus résistantes, les plus productives, les plus nutritives, faciles à transformer et à conserver, dans l’objectif de les ressemer. La domestication des plantes s’enracinent alors dans les habitudes culturelles des sociétés humaines.

Progressivement, les migrations des populations agricoles et la conquête de nouveaux espaces conduisent l’Homme à adapter la sélection à la diversité des régions, en acclimatant les espèces végétales à leurs environnements.

Naissance du métier de semencier   

Il faut attendre le XIXe siècle pour que la maîtrise des semences se professionnalise, grâce à l’évolution des techniques agronomiques et des connaissances scientifiques.  La découverte des lois de l’hérédité par Mendel et la maîtrise de la sexualité des plantes ouvrent la porte aux premiers travaux d’hybridation. Les œillets font partie des premières plantes croisées par l’Homme au XVIIIe siècle. La variété « Fairchild » a ainsi été obtenue par le botaniste éponyme en croisant l’œillet des fleuristes et l’œillet du poète.

Des progrès qualitatifs et quantitatifs exceptionnels sont alors réalisés : l’Homme est désormais capables de créer de nouvelles variétés à partir des semences existantes, en croisant des plantes aux caractéristiques complémentaires jusqu’à obtenir les qualités voulues. Cette maîtrise nouvelle ouvre un cycle d’amélioration des plantes basée sur le croisement de plantes complémentaires.

De cette spécialisation naît un nouveau métier : celui de sélectionneur. Des familles d’agriculteurs se structurent pour affiner ce savoir-faire et se lancent dans la production à grande échelle. Ces familles de précurseurs se nomment Villmorin, Desprez …. En 1883, la première variété de blé issue de sélection généalogique, Dattel, est commercialisée.

Une accélération au XXe siècle

Au cours du XXe siècle, la conjugaison de nouveaux savoirs, en mécanique, agronomie, nutrition et protection des plantes accélèrent le rythme de l’innovation, notamment via une meilleure connaissance des règles d’hérédités des différentes espèces.

Dans cette période d’après-guerre, la nécessité pour les producteurs de disposer régulièrement de semences homogènes et de qualité conduit le gouvernement à réglementer la production et la commercialisation. Cette normalisation assure alors aux agriculteurs un accès à des semences loyales et saines à l’achat.

Au cours des années 70, alors qu’émerge un secteur agro-alimentaire d’envergure, la palette des métiers de la semence s’élargit considérablement. Il faut désormais répondre à des cahiers des charges exigeant avec du blé panifiable, de l’orge de brasserie, des légumes pour la mise en conserve…  De la sélection à la mise en marché, en passant par la production au champs et à l’usine, de très nombreuses disciplines sont alors mobilisées : agronomie, bio-informatique, physiologie végétale, logistique, gestion, marketing, communication….

Aujourd’hui,  le numérique au service du végétal

La connaissance fine de l’ADN, le développement des méthodes d’édition du génome et la gestion numérique des données ont contribué à accélérer la création variétale en ce début de siècle.

La sélection assistée par marqueurs moléculaires permet de repérer dans la carte d’identité génétique de la plante, des résistances aux maladies et ravageurs. Très employé pour le maïs, le colza et les plantes potagères, cette information a priori complète l’observation des caractéristiques d’une variété au champ. En parallèle, l’explosion des capacités de stockage, d’analyse et d’interprétation des données génétiques grâce aux outils numériques a fait basculer la profession semencière dans l’ère du « Big Data », contribuant à enrichir l’expertise des sélectionneurs sur les plantes observées.

Avec la découverte du système CRISPR, le génie génétique a connu une véritable révolution. Qualifié de « ciseau génétique », il permet en effet d’induire, de manière extrêmement précise, des mutations en activant ou désactivant des variantes des gènes, en fonction des caractéristiques souhaitées. L’édition du génome complète la boîte à outils du sélectionneur et ouvre un très large champ des possibles en matière d’innovation variétale. Ainsi, la découverte de la résistance au champignon oïdium a été obtenue en 2014 pour le blé. On estime qu’il aurait fallu observer toutes les plantes de blé cultivées sur la planète pendant 4 millions d’années pour trouver une plante qui aurait spontanément présenté cette variation génétique !

Utilisées avec conscience et rigueur scientifique par les entreprises semencières et la recherche publique, la profession semencière appelle, aux côtés des filières agricoles et alimentaire française, à davantage d’acceptabilité pour ces méthodes d’amélioration des plantes.