La crise du Covid-19 est survenue lors d’une période cruciale pour les agriculteurs et les jardiniers amateurs. La mobilisation des entreprises semencières a permis de sécuriser l’approvisionnement des semences et plants pour les récoltes à venir.
Néanmoins, deux inquiétudes majeures demeurent pour les prochains mois : la pénurie d’équipements de protection individuelle indispensables à la continuité de l’activité, et le recrutement des futurs saisonniers pour les travaux au champ de juin à octobre.
L’UFS appelle donc le Gouvernement à tenir compte des contraintes des entreprises semencières afin de leur permettre de maintenir leur activité indispensable pour sécuriser la production de semences et plants et donc sécuriser les filières agricoles et alimentaires.
Une étude[1] menée par l’Union Française des Semenciers auprès de ses adhérents révèle un taux de présence très élevé des salariés de la filière pendant la crise. 92% des effectifs des entreprises sont ainsi en poste, en télétravail ou sur le terrain pour les métiers qui l’exigent, telle que la production aux champs et à l’usine (72% de présents sur le terrain) et en R&D (67% – idem).
Grâce à cette mobilisation quotidienne des salariés, les entreprises ont été en mesure de maintenir leur activité dans le respect des mesures sanitaires édictées par le Gouvernement pour garantir :
Par ailleurs, malgré les difficultés logistiques pour le transport des semences, telles que l’allongement des délais, l’augmentation des coûts de fret, la dégradation des services postaux, les semenciers sont parvenus à approvisionner leurs clients en France et à l’export. Ainsi, aucune pénurie n’aura été à signaler sur aucune espèce chez les distributeurs de semences.
Les mois à venir seront cruciaux pour la disponibilité en semences et plants de demain. En effet, l’été et l’automne sont le temps des récoltes, du triage et de l’ensachage des semences qui seront distribuées en 2021 aux agriculteurs, maraîchers et jardiniers. Ces opérations, réalisées au champ et à l’usine, nécessitent des recrutements saisonniers pour assumer un ensemble de travaux indispensables (semis d’essais, démariage, castrations, récoltes, suivi des parcelles, notations, triage, manutention, etc.) dès la mi-juin, jusqu’à octobre.
Dans le contexte actuel, il est impossible de recevoir des candidats pour ces chantiers, les entreprises étant dans l’incapacité de faire visiter leurs sites pour attirer les saisonniers et présenter le travail à effectuer. Ces travaux, qui doivent impérativement être effectués dans les prochaines semaines, pâtiront d’un manque de main d’œuvre, avec des conséquences à court et moyen terme sur la production au champ, à l’usine, mais également pour la R&D.
De plus, afin d’exercer normalement leur activité de production de semences dans le cadre des mesures de sécurité́ habituelles, les entreprises semencières estiment avoir besoin de 50 000 à 60 000 masques de type FFP2 et FFP3 par mois, d’avril à juillet, soit un total de 220 000 masques professionnels.
A ce jour, seulement 10% des entreprises estiment disposer d’un stock suffisant de masques FFP2 et FFP3 d’ici juillet 2020. Le problème principal à cette pénurie réside dans le fait que l’équipement des soignants est prioritaire pour ce type d’équipement. Les fournisseurs de masques n’identifient pas les entreprises semencières comme des organisations devant être approvisionnées prioritairement.
Pour Claude Tabel, Président de l’UFS : « Les entreprises qui possédaient des stocks de masques les ont mis à disposition des personnels soignants d’hôpitaux, EHPAD, ARS ou les ont adressés à d’autres usines dans le besoin. Il est inconcevable que l’activité de nos entreprises, à la source de notre agriculture et de notre alimentation, ne soit pas identifiée comme stratégique et prioritaire dans cette situation de déconfinement. Des clarifications de la part du Gouvernement sont indispensables pour garantir l’approvisionnement en masque des entreprises semencières et éviter d’impacter la continuité de leur exercice. Les répercussions sur toute la chaîne alimentaire seraient extrêmement graves. »