Colza, tournesol, lin mais aussi soja, les espèces oléagineuses sont cultivées pour leurs divers usages alimentaires et non-alimentaires. Après trituration, les graines sont transformées en huiles ou en tourteaux, en fonction des destinations. A l’origine de cette diversité de débouchés, la sélection permet de créer des variétés qui répondront aux attentes des agriculteurs, en matière de performance,  et des transformateurs, pour la qualité.

En colza et tournesol, principales espèces en matière de production de semences, la France se distingue à nouveau par un fort dynamisme à l’export.

BOTANIQUE ET BIOLOGIE

Introduit en Europe au XVIIIe siècle, le colza, Brassica napus var. napus, est issu du croisement spontané entre le chou et la navette. Il fait partie de la classe des dicotylédones et de la famille des Crucifères. Le colza est une culture majoritairement d’hiver, qui se sème en fin d’été – début d’automne. Il existe cependant des variétés de printemps.

L’intérêt du colza dans une rotation est qu’il couvre le sol pendant une année entière, et crée une rupture dans le mode d’exploitation du sol, des cycles des parasites et des mauvaises herbes. Cette rupture lui vaut la qualification de culture d’équilibre.

LE COLZA DANS NOTRE QUOTIDIEN

En France, les débouchés commerciaux du colza sont essentiellement l’alimentation humaine (huile de table, de friture, margarine, plats cuisinés) et animale, le tourteau y étant utilisé comme source de protéines. On retrouve également le colza dans la chimie verte (biolubrifiants, solvants, lessive…) ainsi que dans le biodiesel.

Suivant les débouchés, les variétés de colza ne sont pas les mêmes et comportent des spécificités, notamment pour le profil en acide gras (basse teneur en acide linolénique pour la tenue des fritures à haute température, forte teneur en acide oléique).

Biodiesel colza

 

DES PROGRÈS CONTINUS

La création d’une nouvelle variété de colza nécessite 7 à 12 ans de recherche et sélection. C’est pourquoi, afin d’être en mesure d’anticiper les besoins de demain, les sélectionneurs sont en relation constante avec tous les utilisateurs du colza pour déterminer les critères d’amélioration : huileries, margarineries, fabricants d’aliments du bétail,…

La recherche permet d’augmenter et de sécuriser la production

Le premier enjeu de la sélection est l’augmentation de la productivité, le rendement et sa régularité d’une année sur l’autre. En dix ans, la sélection a permis une augmentation de +2% par an (0.75 qx/ha) de la production, notamment grâce à la création d’hybrides.

Pour limiter les applications phytosanitaires et assurer la régularité de la production, la sélection favorise les variétés résistantes aux maladies. Après avoir sélectionné avec succès des hybrides résistants au phoma, la recherche s’est focalisée aujourd’hui sur la résistance à deux autres champignons : verticillium et sclérotinia, ainsi qu’à une plante parasite : l’orobanche. La lutte contre les insectes ayant un impact sur la mise en place des cultures (peuplement) ou la production de graines est une des priorités des sélectionneurs.

Des recherches sont également engagées pour améliorer l’efficience de l’azote chez le colza et améliorer ainsi ses qualités environnementales.

La sélection : un rôle clé dans l’utilisation alimentaire du colza

Au début des années 1970, la recherche développe un colza ne contenant pas d’acide érucique, le simple zéro. Cette avancée permet à l’huile de colza de se développer dans le secteur de l’alimentaire.

Dans les années 80, la sélection permet d’assurer un autre saut technologique avec des variétés «  double zéro » à faible teneur en acide érucique et en glucosinolate, débarrassant le tourteau de ce facteur antinutritionnel permettant le développement dans la nutrition animale.

Aujourd’hui, la sélection variétale permet d’obtenir des colzas au profil en acides gras intéressant pour la consommation humaine et animale. Par exemple, dans certaines variétés, le colza est riche en acide oléique, un acide gras présentant des atouts « santé » (maladies cardiovasculaires). Dans d’autres variétés, le colza est pauvre en acide linolénique pour une meilleure adaptation à la cuisson et une résistance à des températures élevées.

LA PRODUCTION DE SEMENCES

1er pays producteur et exportateur de l’Union Européenne, 72% des semences de colza produites en France sont exportées. L’Hexagone accueille en moyenne 40 000 hectares de production de semences sur son territoire et, en 2023, près de 520 variétés ont été multipliées par 3 239 agriculteurs multiplicateurs. Majoritairement hybrides, les variétés de colza sont produites dans le Sud-Ouest de la France par les 14 entreprises de sélection et les 65 entreprises de production impliquées dans leur développement.

La production de semences de colza est assurée par les semenciers et contrôlée par le SOC (Service Officiel de Contrôle et de Certification). Elle est produite par les agriculteurs-multiplicateurs pour être ensuite triée, calibrée et conditionnée dans les stations de semences. Notons qu’en France les cycles de végétation permettent de conditionner la récolte de l’année pour les semis de la même année, quelques semaines plus tard.

BOTANIQUE ET BIOLOGIE

Originaire d’Amérique du Nord, le tournesol, Helianthus annuus L. a été introduit en Europe par les Espagnols au 17e siècle. Il fait partie de la classe des dicotylédones et de la famille des Astéracées (ou Composées).

Le tournesol est une culture de printemps. En libérant tôt les parcelles, le tournesol permet des conditions optimales d’implantation pour les cultures d’hiver (blé, orge). Contrairement à l’idée reçue, le tournesol ne tourne pas avec le soleil durant la journée mais reste orienté vers les premiers rayons du soleil soit l’Est Sud-Est.

LE TOURNESOL DANS NOTRE QUOTIDIEN

L’huile de tournesol est la première huile alimentaire consommée en France. C’est une huile de qualité riche en acides gras insaturés, ainsi qu’en vitamine E et antioxydants. L’utilisation de l’huile de tournesol en alimentation humaine se retrouve également dans les produits agroalimentaires transformés tel que la margarine ou de la mayonnaise.

Huile de Tournesol

Les tourteaux, une fois l’extraction de l’huile faite, sont utilisés comme source de protéines dans l’alimentation animale. L’huile de tournesol a par ailleurs des débouchés non-alimentaires : elle entre dans la composition des biocarburants et de bioproduits tel que la peinture, l’encre ou encore les biolubrifiants.

DES PROGRÈS CONTINUS

La sélection : production et qualité vont de paire

Afin de permettre aux agriculteurs de répondre aux demandes des industriels en termes de qualité et de volume, la recherche a concentré ses efforts sur l’augmentation et la sécurisation des rendements ainsi que l’amélioration de la valeur technologique des tournesols récoltés.

C’est la généralisation de l’hybridation qui a rendu possible la hausse constante de productivité observée en tournesol, que l’on chiffre à + 0,5 q/ha/an depuis 25 ans. Progressivement, la sélection variétale a développé différents types de résistances : au stress climatique, permettant ainsi au tournesol de s’adapter à nos sols et climats, et bien entendu envers les maladies telles que le mildiou, le sclérotinia, le phomopsis , le verticillium et une plante parasite : l’orobanche.

En parallèle, un travail a été mené sur la teneur en huile dans la graine. Les semenciers ont ainsi  développé des variétés de tournesol oléique, recherchées par les industriels pour leur haute teneur en acide oléique, en acide gras de qualité et leur résistance aux hautes températures. En rapprochant le profil en acide gras du tournesol de celui de l’huile d’olive, la profession a généralisé le développement de débouchés alimentaires.

La France : le premier sélectionneur mondial

La France se positionne en tant que 1er sélectionneur au niveau mondial et regroupe 80% du potentiel de recherche de l’Union Européenne sur cette espèce. 6 obtenteurs sont implantés en France.

S’il faut, en moyenne, une dizaine d’années pour obtenir une nouvelle variété, près de 15 nouveautés alimentent chaque année le catalogue français, qui comportant actuellement 180 variétés. Cette grande diversité offre la possibilité aux agriculteurs de choisir une variété adaptée aux conditions climatiques et contraintes agronomiques de leur territoire.

LA PRODUCTION DE SEMENCES

Plus de 33 655 hectares de multiplication ont été certifiés en 2023, soit une hausse de près de 13 000 hectares par rapport à 2019 ! Dynamique, la production française s’est développée pour couvrir les besoins du marché intérieur mais également pour répondre aux attentes des grands pays producteurs d’Europe de l’Est. Ainsi, l’export représente 77% du CA total réalisé par les ventes de tournesol.

Du Sud-Ouest au Sud-Est de la France, 3 239 agriculteurs-multiplicateurs sont impliqués dans la production au champ, accompagnés de 65 entreprises de production qui ont la responsabilité de préparer les semences nécessaire à la commercialisation de plus de 520 variétés différentes.

Tournesol

BOTANIQUE ET BIOLOGIE

Originaire d’un plateau d’Asie, le lin oléagineux, Linum usitatissimum L. a été introduit en France postérieurement à la Seconde Guerre Mondiale. Il fait partie de la classe des magnoliopsida et de la famille des Linaceae.

Le lin oléagineux peut être une culture d’automne ou de printemps. La culture d’automne participe à la réduction du risque d’érosion en couvrant le sol durant l’hiver. Au mois de mai-juin, les fleurs de lin colorent les champs en bleu.

LE LIN OLÉAGINEUX DANS NOTRE QUOTIDIEN

Le lin oléagineux est utilisé principalement dans l’alimentation animale sous forme de tourteaux ou de graines entières, qui présente également des atouts nutritionnels pour les consommateurs. En effet, on retrouve dans les produits des animaux  nourris à base de lin, des teneurs en oméga 3, acide gras essentiel, intéressantes pour l’homme.

Depuis 2010, l’huile de lin peut être commercialisée en tant qu’ingrédient pour l’alimentation humaine ; néanmoins il reste principalement utilisé comme composant des peintures et autres revêtements protecteurs. Les pailles sont quant à elles valorisées majoritairement en paillage ou isolation. Toutefois, elles peuvent être utilisées dans l’industrie papetière ou dans le secteur des biomatériaux.

DES PROGRÈS CONTINUS

Relativement récente (années 60), la sélection variétale du lin oléagineux propose un large choix puisque 24 variétés sont inscrites au catalogue français en 2024. Cette diversité est permise par la mutualisation des moyens  entre les semenciers lin fibre et lin oléagineux. Grâce à cette coopération, la France représente le plus gros effort de sélection du lin graine de l’Union Européenne.

Les performances de rendement en grains ont augmenté de 0,44 quintal par hectare/an pour les variétés de printemps et de 0,77 quintal par hectare/an pour les types hiver, bénéficiaires d’une sélection plus récente aux avancées rapides.

LA PRODUCTION DE SEMENCES

En 2022, la production de semences de lin oléagineux française a occupé 1 193  hectares de multiplication.

Le lin est produit dans la partie Nord de la France.